« Des origines de la souveraineté » : Il parait donc que ces deux propositions : la souveraineté vient de Dieu, et la souveraineté vient des hommes, ne se contredisent pas absolument ; pas plus que ces deux autres : les lois viennent de Dieu, et les lois viennent des hommes. Il suffit donc de s´entendre, de mettre les idées à leur place, et de ne les point confondre. Avec ces précautions nous sommes sûrs de ne pas nous égarer, et il semble qu´on doit écouter avec faveur l´écrivain qui dit : « Je ne viens point pour vous dire que la souveraineté vient de Dieu ou des hommes ; examinons seulement ensemble ce qu´il y a de divin et ce qu´il y a d´humain dans la souveraineté. » « Les soirées de Saint-Pétersbourg » : Il y a longtemps, messieurs, qu´on se plaint de la Providence dans la distribution des biens et des maux ; mais je vous avoue que jamais ces difficultés n´ont pu faire la moindre impression sur mon esprit. Je vois avec une certitude d´intuition, et j´en remercie humblement cette Providence, que sur ce point l´homme SE TROMPE dans toute la force du terme et dans le sens naturel de l´expression. Je voudrais pouvoir dire comme Montaigne : L´homme se pipe, car c´est le véritable mot. Oui, sans doute l´homme se pipe ; il est dupe de lui-même, il prend les sophismes de son cœur naturellement rebelle (hélas ! rien n´est plus certain) pour des doutes réels nés dans son entendement. Si quelquefois la superstition croit de croire comme on le lui a reproché, plus souvent encore, soyez-en sûrs, l´orgueil croit ne pas croire. C´est toujours l´homme qui se pipe ; mais, dans le second cas, c´est bien pire.
« Des origines de la souveraineté » : Il parait donc que ces deux propositions : la souveraineté vient de Dieu, et la souveraineté vient des hommes, ne se contredisent pas absolument ; pas plus que ces deux autres : les lois viennent de Dieu, et les lois viennent des hommes. Il suffit donc de s´entendre, de mettre les idées à leur place, et de ne les point confondre. Avec ces précautions nous sommes sûrs de ne pas nous égarer, et il semble qu´on doit écouter avec faveur l´écrivain qui dit : « Je ne viens point pour vous dire que la souveraineté vient de Dieu ou des hommes ; examinons seulement ensemble ce qu´il y a de divin et ce qu´il y a d´humain dans la souveraineté. » « Les soirées de Saint-Pétersbourg » : Il y a longtemps, messieurs, qu´on se plaint de la Providence dans la distribution des biens et des maux ; mais je vous avoue que jamais ces difficultés n´ont pu faire la moindre impression sur mon esprit. Je vois avec une certitude d´intuition, et j´en remercie humblement cette Providence, que sur ce point l´homme SE TROMPE dans toute la force du terme et dans le sens naturel de l´expression. Je voudrais pouvoir dire comme Montaigne : L´homme se pipe, car c´est le véritable mot. Oui, sans doute l´homme se pipe ; il est dupe de lui-même, il prend les sophismes de son cœur naturellement rebelle (hélas ! rien n´est plus certain) pour des doutes réels nés dans son entendement. Si quelquefois la superstition croit de croire comme on le lui a reproché, plus souvent encore, soyez-en sûrs, l´orgueil croit ne pas croire. C´est toujours l´homme qui se pipe ; mais, dans le second cas, c´est bien pire.