 
		Dès1919, Aragon traduit pour la revue Littérature qu´il vient tout juste  de créer avec ses amis Breton et Soupault le fameux poème de Jakob van Hoddis intitulé Fin du monde (Weltende),texte  étrange et prophétique dont la parution en 1911 a fait l’effet d’une  bombe dans le milieu littéraire berlinois et consacré son auteur de 22  ans comme chef de file de la poésie nouvelle. Breton s’enthousiasme pour  Hoddis : « Nous sommes ici à l’extrême pointe de la poésie  allemande, la voix de Van Hoddis nous parvient de la plus haute et la  plus fine branche de l’arbre foudroyé. » Depuis lors règne en  France un oubli presque total. Il n’existe aujourd’hui aucune édition  française des textes de cet écrivain, dont l’œuvre et le destin sont  pourtant hautement symboliques. 
      Comme le « comte Eric Oswald Marc Hans Carl Maria von Stroheim und Nordenwall » n’était qu’une invention d’Erich Stroheim, né à Vienne en 1885 d’une famille de juifs pratiquants, le nom de « Jakob van Hoddis » n’est là que pour un autre nom, celui de Hans Davidsohn, né à Berlin en  1887 d’une famille juive traditionnelle. Stroheim émigrera dès 1909 aux  États-Unis, moins chanceux Hoddis demeura en Allemagne jusqu’à la  fin.      
      Il faut revenir aux sources : à ce Berlin du Nouveau Club et du Cabaret Néopathétique, des revues Der Sturm et Die Aktion.  Il faut revenir au geste totalement novateur que représenta, dans un  Reich férocement militariste et matérialiste, la publication du poème Fin du monde de  Hoddis et de ceux qui suivirent dans les années avant la catastrophe.  Les deux premiers poèmes de Hoddis ont paru en janvier 1911 ; le dernier  de son vivant, Der Idealist, a paru en décembre 1918 dans la revue Dada. En tout, 48 poèmes. Un choix en est repris dans le recueil Fin du monde (Der rote Hahn, 1918), un autre dans l’anthologie Crépuscule de l’humanité (Rowohlt, 1920). 
      C’est ce mince corpus qui a assuré la place de Hoddis à l’origine  de l’expressionnisme et du dadaïsme. Nous avons accompagné l’édition de  ces poèmes de présentations et de notes afin d’en restituer le contexte  et l’influence. Ainsi ce « bourgeois à la tête pointue » évoqué dans le poème Fin du monde, n’annonce-t-il pas les « têtes pointues » de Bertold Brecht dans Têtes rondes et Têtes pointues (1936) ? 
      Proche de celui d’Aragon, le principe de traduction adopté  privilégie le jeu des rimes et rythmes, des assonances et allitérations.  Là se situe la dynamique du texte et c’est elle avant tout qu´il  convient de restituer en français.

Dès1919, Aragon traduit pour la revue Littérature qu´il vient tout juste  de créer avec ses amis Breton et Soupault le fameux poème de Jakob van Hoddis intitulé Fin du monde (Weltende),texte  étrange et prophétique dont la parution en 1911 a fait l’effet d’une  bombe dans le milieu littéraire berlinois et consacré son auteur de 22  ans comme chef de file de la poésie nouvelle. Breton s’enthousiasme pour  Hoddis : « Nous sommes ici à l’extrême pointe de la poésie  allemande, la voix de Van Hoddis nous parvient de la plus haute et la  plus fine branche de l’arbre foudroyé. » Depuis lors règne en  France un oubli presque total. Il n’existe aujourd’hui aucune édition  française des textes de cet écrivain, dont l’œuvre et le destin sont  pourtant hautement symboliques. 
      Comme le « comte Eric Oswald Marc Hans Carl Maria von Stroheim und Nordenwall » n’était qu’une invention d’Erich Stroheim, né à Vienne en 1885 d’une famille de juifs pratiquants, le nom de « Jakob van Hoddis » n’est là que pour un autre nom, celui de Hans Davidsohn, né à Berlin en  1887 d’une famille juive traditionnelle. Stroheim émigrera dès 1909 aux  États-Unis, moins chanceux Hoddis demeura en Allemagne jusqu’à la  fin.      
      Il faut revenir aux sources : à ce Berlin du Nouveau Club et du Cabaret Néopathétique, des revues Der Sturm et Die Aktion.  Il faut revenir au geste totalement novateur que représenta, dans un  Reich férocement militariste et matérialiste, la publication du poème Fin du monde de  Hoddis et de ceux qui suivirent dans les années avant la catastrophe.  Les deux premiers poèmes de Hoddis ont paru en janvier 1911 ; le dernier  de son vivant, Der Idealist, a paru en décembre 1918 dans la revue Dada. En tout, 48 poèmes. Un choix en est repris dans le recueil Fin du monde (Der rote Hahn, 1918), un autre dans l’anthologie Crépuscule de l’humanité (Rowohlt, 1920). 
      C’est ce mince corpus qui a assuré la place de Hoddis à l’origine  de l’expressionnisme et du dadaïsme. Nous avons accompagné l’édition de  ces poèmes de présentations et de notes afin d’en restituer le contexte  et l’influence. Ainsi ce « bourgeois à la tête pointue » évoqué dans le poème Fin du monde, n’annonce-t-il pas les « têtes pointues » de Bertold Brecht dans Têtes rondes et Têtes pointues (1936) ? 
      Proche de celui d’Aragon, le principe de traduction adopté  privilégie le jeu des rimes et rythmes, des assonances et allitérations.  Là se situe la dynamique du texte et c’est elle avant tout qu´il  convient de restituer en français.
