
 
		Max  de Carvalho a rencontré Sœur Catherine-Marie de la Trinité pour la  première fois le jour de l’Ascension 2001 au monastère  Sainte-Marie-de-Prouilhe, fondé par saint Dominique il y a huit siècles. 
   Dans de modestes brochures vendues à la porterie, il vient de découvrir  ses poèmes et a souhaité la connaître. Il lui a demandé la permission  d’en faire un livre. La moniale lui a confié ses manuscrits, le laissant  libre d’en composer un recueil. 
    Un premier ensemble de ces textes a paru en 2003 aux Éditions  L’Arrière-Pays sous le titre Le Mendiant d’infini et le  sous-titre Poèmes extraits des carnets d’une moniale. Au bout  de quelques mois ce volume était épuisé. Depuis de longues années déjà,  Max de Carvalho avait proposé à Sœur Catherine-Marie de reprendre ces  textes en un volume plus complet. Le présent recueil présente l’ensemble  des textes qui figuraient déjà dans le Mendiant d’infini auxquels en ont été ajoutés tout autant. L’ensemble a été entièrement  révisé et refondu.  
       « Tandis que le monastère sommeille encore, / avant que le  premier oiseau ne chante, / dans le silence veille ta servante… » Celle  qui parle ainsi, d’une voix si pure qu’elle semble sans âge, est une  femme de cette aube du XXI° siècle, qui fit le choix voici cinquante ans  d’entrer chez les dominicaines de Sainte Marie de Prouilhe, dans la  maison même que fonda saint Dominique. Elle y vit aujourd’hui encore.  Lorsque Max de Carvalho la revoit pour préparer le présent recueil et  lui demande de ses nouvelles : « Je suis comblée dans la Pâque du  Seigneur », lui répond-elle simplement, évoquant en peu de mots son  expérience quotidienne du « vide » et du « rien » dans la vie d’oraison. 
      De quoi nous parle-t-elle ? Non de la fureur du monde, non de la  splendeur des concepts. Ni plainte ni exaltation, mais la voix à peine  perceptible d’un cœur qui veille : « Prière silencieuse, /  mystérieuse, / tellement cachée / et enfouie en moi / que si Tu cessais /  de me la donner / je crierais / que Tu m’arraches / le cœur. » 
      Parole d’avant les mots, d’avant tout vouloir et tout savoir : «  Être sans nul savoir, / et pauvre de cette / pauvreté nue qui / ignore  son trésor. » Parole parfois si difficile à entendre que la longue  veille, dans l’obscurité et le froid, demeure sans aucune consolation.  Et pourtant, elle n’est pas vaine cette attente : « L’angoisse de la  nuit / la première verra l’aurore. » Elle n’est pas solitaire  cette écoute : « Tu as fait / de ma surdité / ton ermitage. » Il  est là, Celui que nous cherchons, mais notre ouïe est trop grossière  pour entendre son haleine : « Impossible prière / pure prière déjà. »
      Écoutons cette prière : « Dieu insondable, /Toi, l’au-delà de  tout, // je vis d’espérer / Ta Nuit sans image, // elle est ma source  /et mon Jourdain, // mon centre, / mon abîme. // Retire-moi de ce cachot  : / ma propre connaissance. // Lorsque l’inconnaissable se dérobe, /  toute science est vaine. // Par Toi ma nuit touche à Ta Nuit /  dépossédée de tout savoir, // Ta claire Ténèbre est mon partage, / qui  m’unit enfin à Toi. » Comment ne songerait-on ici à Maître Eckhart  et à Angelus Silesius ? « Étang de montagne en été, / sais-tu ce  qu’il te manque / pour devenir torrent ? // Une goutte de rosée. » Ou encore : « Heureux l’homme qui voit / en son néant une coupe : /  il boit le Soleil. » Ou, plus eckhartien encore : « Jésus  ressuscite / s’il naît / en toi. » 
      En d’autres poèmes, ce sont les brusques lueurs du haïku qui  surgissent à nos yeux  : « Le soir / aussi referme ses pétales, /  fleur de montagne. » Ou bien : « Une seule marguerite / dans la  prairie,// une éclaircie / dans la forêt. » Mais de quelle autre  lumière peuvent-ils avoir jailli, sinon d’une authentique vie  contemplative, ces beaux textes brefs de la fin du recueil : «  Lorsque / je mourrai, // je naîtrai Toi. » « Ma mort / sera Ton jour. » 
Texte © Editions Arfuyen

Max  de Carvalho a rencontré Sœur Catherine-Marie de la Trinité pour la  première fois le jour de l’Ascension 2001 au monastère  Sainte-Marie-de-Prouilhe, fondé par saint Dominique il y a huit siècles. 
   Dans de modestes brochures vendues à la porterie, il vient de découvrir  ses poèmes et a souhaité la connaître. Il lui a demandé la permission  d’en faire un livre. La moniale lui a confié ses manuscrits, le laissant  libre d’en composer un recueil. 
    Un premier ensemble de ces textes a paru en 2003 aux Éditions  L’Arrière-Pays sous le titre Le Mendiant d’infini et le  sous-titre Poèmes extraits des carnets d’une moniale. Au bout  de quelques mois ce volume était épuisé. Depuis de longues années déjà,  Max de Carvalho avait proposé à Sœur Catherine-Marie de reprendre ces  textes en un volume plus complet. Le présent recueil présente l’ensemble  des textes qui figuraient déjà dans le Mendiant d’infini auxquels en ont été ajoutés tout autant. L’ensemble a été entièrement  révisé et refondu.  
       « Tandis que le monastère sommeille encore, / avant que le  premier oiseau ne chante, / dans le silence veille ta servante… » Celle  qui parle ainsi, d’une voix si pure qu’elle semble sans âge, est une  femme de cette aube du XXI° siècle, qui fit le choix voici cinquante ans  d’entrer chez les dominicaines de Sainte Marie de Prouilhe, dans la  maison même que fonda saint Dominique. Elle y vit aujourd’hui encore.  Lorsque Max de Carvalho la revoit pour préparer le présent recueil et  lui demande de ses nouvelles : « Je suis comblée dans la Pâque du  Seigneur », lui répond-elle simplement, évoquant en peu de mots son  expérience quotidienne du « vide » et du « rien » dans la vie d’oraison. 
      De quoi nous parle-t-elle ? Non de la fureur du monde, non de la  splendeur des concepts. Ni plainte ni exaltation, mais la voix à peine  perceptible d’un cœur qui veille : « Prière silencieuse, /  mystérieuse, / tellement cachée / et enfouie en moi / que si Tu cessais /  de me la donner / je crierais / que Tu m’arraches / le cœur. » 
      Parole d’avant les mots, d’avant tout vouloir et tout savoir : «  Être sans nul savoir, / et pauvre de cette / pauvreté nue qui / ignore  son trésor. » Parole parfois si difficile à entendre que la longue  veille, dans l’obscurité et le froid, demeure sans aucune consolation.  Et pourtant, elle n’est pas vaine cette attente : « L’angoisse de la  nuit / la première verra l’aurore. » Elle n’est pas solitaire  cette écoute : « Tu as fait / de ma surdité / ton ermitage. » Il  est là, Celui que nous cherchons, mais notre ouïe est trop grossière  pour entendre son haleine : « Impossible prière / pure prière déjà. »
      Écoutons cette prière : « Dieu insondable, /Toi, l’au-delà de  tout, // je vis d’espérer / Ta Nuit sans image, // elle est ma source  /et mon Jourdain, // mon centre, / mon abîme. // Retire-moi de ce cachot  : / ma propre connaissance. // Lorsque l’inconnaissable se dérobe, /  toute science est vaine. // Par Toi ma nuit touche à Ta Nuit /  dépossédée de tout savoir, // Ta claire Ténèbre est mon partage, / qui  m’unit enfin à Toi. » Comment ne songerait-on ici à Maître Eckhart  et à Angelus Silesius ? « Étang de montagne en été, / sais-tu ce  qu’il te manque / pour devenir torrent ? // Une goutte de rosée. » Ou encore : « Heureux l’homme qui voit / en son néant une coupe : /  il boit le Soleil. » Ou, plus eckhartien encore : « Jésus  ressuscite / s’il naît / en toi. » 
      En d’autres poèmes, ce sont les brusques lueurs du haïku qui  surgissent à nos yeux  : « Le soir / aussi referme ses pétales, /  fleur de montagne. » Ou bien : « Une seule marguerite / dans la  prairie,// une éclaircie / dans la forêt. » Mais de quelle autre  lumière peuvent-ils avoir jailli, sinon d’une authentique vie  contemplative, ces beaux textes brefs de la fin du recueil : «  Lorsque / je mourrai, // je naîtrai Toi. » « Ma mort / sera Ton jour. » 
Texte © Editions Arfuyen
